Dissolution de l’AMPL : Un verdict« en défaveur de la sécurité des vols »
Mercredi 25 novembre, le verdict a été rendu, ordonnant la dissolution de l’Association marocaine des pilotes de ligne (AMPL), la fermeture de son siège et la liquidation de ses actifs. Pour les besoins de la liquidation, un expert assermenté a été désigné. Coup dur pour l’AMPL en litige avec la compagnie aérienne nationale. Toutefois, cette association ne compte pas s’arrêter là. Elle dit vouloir interjeter appel de cette décision.
Sur ce verdict, un membre de l’AMPL, qui a requis l’anonymat, a affirmé dans une déclaration à MAROC DIPLOMATIQUE que « c’est vraiment dommage pour le tissu associatif marocain, d’autant plus que c’est la seule association de pilotes au Maroc, dont la fonction primaire est la promotion de la sécurité aérienne dans l’espace aérien marocain ».
Supposant que ce même verdict portant sur la dissolution de l’AMPL soit finalement mis en application, qu’adviendra la relation entre les pilotes la compagnie aérienne nationale ? « Un rapport purement légal et réglementaire, ce qui représente un recul de 40 ans des relations entre les pilotes et le transporteur aérien national. Ce verdict en défaveur de la sécurité des vols », nous confie notre interlocuteur, soulignant que les textes réglementaires, qui régissent la profession, sont à minima, « ce qui veut dire que chaque compagnie aérienne est libre de rehausser le niveau de sécurité aérienne en fonction de l’exploitation qu’elle a, donc, s’il n’y a plus d’accords qui régissent ce genre de relations, est-ce qu’on va travailler à minima ? », s’insurge notre source au sein de l’AMPL.
Par ailleurs, l’AMPL fait partie de la commission nationale de la sécurité aérienne, sur la base d’un arrêté ministériel qui définit la composition de cette commission, mais qui ne pourra plus se réunir d’un point de vue légal, « maintenant en cas d’accident aérien, qui va y siéger ? », déclare-t-il.
Dans son jugement, le tribunal de première instance a estimé que l’AMPL a enfreint ses prérogatives associatives en appelant ses membres à observer une grève. « Cette association avait été créée en 1971, après moult tractations pour garder les pilotes dans une structure plutôt associative que syndicale. Maintenant, l’erreur qu’on a faite c’est d’avoir accepté le gentleman agreement de ne jamais se constituer en syndicat », nous dit notre source.
Le tribunal a jugé irrecevable l’action en nullité visant l’ensemble des accords signés entre RAM et l’AMPL. Rappelons que dans sa plainte déposée début septembre dernier, la compagnie Royal Air Maroc a réclamé non seulement la dissolution de cette association des pilotes de ligne, mais aussi la nullité de l’ensemble des accords signés entre celle-ci et la direction du transporteur public. Selon notre source, sur tous les accords conclus entre l’AMPL et la RAM, il n’y a que deux qui portent sur le volet salarial et tout le reste concerne la sécurité des vols. À en croire ce membre de l’association, ces accords portent sur l’utilisation des équipages en fonction des vols de nuit, la restauration à bord, les conditions d’hébergement et de repos des équipages, « lorsqu’une compagnie aérienne loge ses équipages à l’hôtel, ce n’est pas pour des vacances, mais plutôt pour qu’ils se reposent et préparent au mieux le vol qu’ils vont entreprendre après », explique notre interlocuteur.
Est-ce que vous espérerez obtenir gain de cause ? « Au stade où l’on est, plus rien ne m’étonne », conclut ce membre l’AMPL. À l’heure où nous écrivions ces lignes, la RAM n’était pas joignable pour commenter cette décision.